Appareil digestif
Mésentère : les médecins découvrent un nouvel organe
par Anne-Laure Lebrun
Des chirurgiens irlandais estiment que le mésentère, une paroi qui entoure l'intestin grêle, devrait être considéré comme un organe à part entière.
Mésentère : les médecins découvrent un nouvel organe University of Limerick / Pr Calvin Coffey
Publié le 04.01.2017 à 22h55
Notre abdomen compte un nouvel occupant. Des chirurgiens irlandais ont classé le mésentère, un tissu qui rattache l’intestin grêle à la paroi abdominale, comme un organe à part entière. Dans un article paru dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology, ces chercheurs de l’université de Limerick expliquent que les descriptions de ce tissu au cours des 100 dernières années sont erronées.
Dans l’organisme, le mésentère renferme les vaisseaux et les nerfs des anses de l’intestin grêle. Avec sa forme en éventail, il soutient les 5 à 6 mètres d’intestin et le rattache à la cavité abdominale. « Jusqu’à maintenant, il était décrit comme une structure très complexe et fragmentée présente à certains endroits et absente à d’autres, explique le Pr Pr Calvin Coffey. Or, cet organe est loin d’être morcelé et complexe. C’est une simple structure continue ».
Une nouvelle discipline
En classant le mésentère comme un organe, le Pr Coffey et ses collègues espèrent qu’une nouvelle discipline, « la science mésentérique », naîtra. Elle pourra notamment permettre d’établir les fonctions précises de ce tissu encore méconnues. « Si vous comprenez la fonction, vous pouvez identifier les anomalies de fonctionnement, et les maladies », souligne le chirurgien.
Les auteurs expliquent en effet qu’en comprenant mieux son utilité dans l’organisme, et notamment dans l’appareil digestif, il est possible d’imaginer des techniques chirurgicales moins invasives induisant moins de complications et permettant une convalescence des patients plus rapide.
Avec cette nouvelle découverte, un pan nouveau de la médecine et de la recherche s’ouvre maintenant. Et dès cette année, les nouveaux étudiants en médecine apprendront que le mésentère est un organe à part entière car cette nouvelle classification entre dans le célèbre manuel d'anatomie Gray.
Le corps humain a un nouvel organe : le mésentère
le 04 janvier 2017
Le corps humain a un nouvel organe : le mésentère
J.Calvin Coffey et son équipe de chercheurs de l'université de Limerick ont mené des recherches depuis 2012. (Photo d'illustration)@ AFP
Partagez sur :
Longtemps délaissé par le monde médical, le mésentère, membrane du système digestif, compte aujourd'hui officiellement parmi les organes du corps humain.
Il n'était que membrane. Le voilà qu'il prend du galon et passe au rang d'organe. Le mésentère, membrane située dans le système digestif a été "recatégorisée" et inclue dans l'ouvrage de référence mondiale du corps humain, le "Gray's Anatomy". Il devient le 79ème organe du corps, rapporte le site Futura-Sciences, citant un article publié en novembre dans la revue américaine Lancet Gastroenterology & Hepatology. Il a fallu cinq ans de travail à J.Calvin Coffey et son équipe de chercheurs irlandais de l'université de Limerick pour permettre au mésentère d'intégrer ce club très fermé.
Une structure continue. Jusqu'alors, le monde de la médecine pensait que cette membrane, qui relie la paroi abdominale et l'intestin, était fragmentée. Or, pour être qualifié d'organe, la partie du corps en question se doit d'être nettement délimitée et d'assurer une fonction bien déterminée. C'est ce qu'ont découvert les chercheurs au sujet du mésentère. "Non, le mésentère n'est pas éparpillé. Il s'agit bien d'une structure continue", explique ainsi le professeur J. Calvin Coffey.
Sous les projecteurs. Organe ou pas, ça change quoi ? Cela permet surtout aux scientifiques de le reconsidérer. Jusque-là, le pauvre mésentère était généralement délaissé par les chercheurs. Son fonctionnement et ses effets sur le corps humain étaient peu connus. Désormais, il brille sous la lumière des projecteurs, ceux des labos. Selon les chercheurs irlandais, cette mise en avant est d'autant plus primordiale que le 79ème organe du corps humain pourrait jouer un rôle dans les maladies abdominales.
C’est officiel, notre corps dispose maintenant d’un nouvel organe
Les caractéristiques anatomiques et fonctionnelles révélées dans une récente étude justifient aujourd’hui la désignation du mésentère comme un organe en tant que tel. Que faut-il savoir sur celui dont...
Par Brice Louvet 4 janvier 2017
Les caractéristiques anatomiques et fonctionnelles révélées dans une récente étude justifient aujourd’hui la désignation du mésentère comme un organe en tant que tel. Que faut-il savoir sur celui dont on a longtemps pensé qu’il n’était composé que de structures fragmentées ?
Le mésentère correspond à une cloison à deux feuillets tissulaires tapissant le péritoine et permettant notamment la fixation du jéjunum et de l’iléon (de l’intestin grêle) à la paroi postérieure de la cavité abdominale. Entre ses deux feuillets, on trouve les nerfs et les vaisseaux irriguant l’intestin grêle. Le mésentère, qui relie l’intestin à l’abdomen donc, était considéré depuis des siècles comme une structure fragmentée composée de plusieurs parties distinctes. Cependant, de nouvelles recherches menées par des chercheurs de l’University Hospital Limerick publiées dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology suggèrent que le mésentère serait en fait une structure continue. Autrement dit, le mésentère serait bel et bien un organe et devra dès aujourd’hui être considéré en tant que tel.
La représentation numérique des petit et gros intestins et du mésentère associé. Crédit image : J Calvin Coffey / D Peter O’Leary / Henry Vandyke Carter.
Bien sûr, son reclassement ne modifie en rien le physique de cet organe, mais pourrait changer la donne dans le domaine des sciences médicales en précisant son implication dans les maladies abdominales : « Maintenant que nous avons établi l’anatomie et la structure du mésentère, la prochaine étape sera de préciser sa réelle fonction. Si vous comprenez sa fonction, alors vous pouvez identifier une fonction anormale, puis une maladie », explique J. Calvin Coffey, chercheur à l’University Hospital Limerick, en Irlande. « Une meilleure compréhension et une étude plus approfondie du mésentère pourraient conduire à des interventions chirurgicales moins invasives, à moins de complications postopératoires, à une récupération plus rapide du patient et à une réduction des coûts globaux ».
Ainsi, et toujours selon notre chercheur, la science mésentérique aura donc son propre domaine d’études médicales, au même titre que la gastro-entérologie, ou la neurologie. Comme quoi, on en aura toujours plus à apprendre et à découvrir, même au sein de notre propre corps.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]