« Médicaments : les nouveaux faussaires »
Les Echos
Les Echos note en effet que « la contrefaçon de médicaments est devenue une activité très rentable pour des trafiquants qui profitent des possibilités d'Internet et des failles dans les systèmes de santé. Pays pauvres comme pays riches sont touchés, avec des risques sanitaires graves ».
Le journal publie une longue enquête sur le sujet, relevant qu’« il est possible de se procurer sur le Web tous les médicaments possibles ou presque, des sachets d'aspirine et d'antibiotiques jusqu'aux traitements contre le cancer, le diabète ou la leucémie. Au total, près de 300 produits distincts sont accessibles sans prescription médicale et à des prix avantageux, parfois disponibles avant même leur mise sur le marché ».
« Le problème, outre l'illégalité de la plupart des pseudo-pharmacies en ligne, c'est que si les produits vendus sont parfois des originaux détournés, il s'agit le plus souvent… de faux », remarque Les Echos.
Le journal cite notamment Gaëtan Rudant, directeur de l'inspection à l'ANSM : « On estime que, sur Internet, 6 médicaments sur 10 ne contiennent pas ce qui est attendu, avec des problèmes de sous-qualité plus ou moins graves, et 3 sur 10 ressemblent à la version originale légale mais présentent un problème de notice, donc d'information. […] Il n'existe pas de "bon" médicament falsifié : dès qu'il y a un souci sur la notice, le blister, le packaging ou le comprimé lui-même, il y a un risque pour le patient ».
Le quotidien explique en outre que « le phénomène ne se limite pas à Internet. […] La contrefaçon toucherait aujourd'hui 10% des médicaments vendus dans le monde et représentait un marché de 75 milliards de dollars en 2010, selon les calculs - difficilement vérifiables - d'ONG américaines ».
Les Echos relève ainsi que « les registres sanitaires regorgent d'exemples de manipulations, parfois sordides, d'apprentis apothicaires : produits périmés, comprimés sans principe actif, vaccins coupés à l'eau du robinet ou de rivière, sirops avec du liquide de refroidissement pour moteurs… ».
« Chaque année, ces falsifications sont responsables de milliers de décès, directement ou indirectement, faute de soigner réellement leurs consommateurs. Selon l'OMS, sur le million de décès annuels dus au paludisme, 200.000 pourraient être évités avec des médicaments de bonne qualité… », continue le journal.