« Médicaments : les ruptures de stocks se banalisent »
Les Echos
Catherine Ducruet note dans Les Echos que « l’Académie de pharmacie se réunit aujourd’hui pour mettre une dernière main à ses recommandations pour lutter contre les ruptures de stocks de médicaments. Un phénomène qui prend de l’ampleur en France ».
La journaliste relève ainsi que « le site de l’ANSM recense quelque 200 produits en rupture de stock ou dont la production a été arrêtée, au cours des 3 dernières années. Et on estime que, chaque jour, 5% des médicaments commandés par les pharmaciens d’officine sont en rupture de stocks ».
Catherine Ducruet précise que « tous les produits sont concernés : des cancéreux […] aux vaccins […] en passant par les psychotropes », et indique que « des blocages tout au long de la chaîne de production et de commercialisation du médicament contribuent à cette situation ».
Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM (syndicat des laboratoires pharmaceutiques), explique que « la production de médicaments est aujourd’hui organisée à l’échelle mondiale. Or, la demande croissante des pays émergents crée des tensions sur l’appareil de production. Le moindre problème sur un site de production entraîne donc des pénuries ».
Catherine Ducruet observe notamment que « les matières actives sont très peu fabriquées en Europe. […] 14% des ruptures de stocks seraient dues à des problèmes d’approvisionnement en matières premières. […] Certains laboratoires décident d’arrêter la fabrication d’un produit parce qu’il n’est plus rentable ».
Catherine Ducruet ajoute, concernant l’hôpital : « Non seulement il a réduit ses stocks de façon radicale mais il achète ses médicaments […] par appel d’offre et doit retenir le moins disant. Ce qui peut le conduire à dépendre d’un seul fournisseur, pas toujours fiable. En 2012, selon une enquête, on a assisté à une augmentation de plus de 70% des pénuries à l’hôpital ».
La journaliste retient donc que l'Académie de pharmacie « propose de recenser tous les sites de fabrication et de contrôle et de fixer une liste des matières premières actives tombées dans le domaine public dont la pénurie pourrait entraîner des problèmes de santé publique ».
Catherine Ducruet note qu’« en cas d'arrêt de la fabrication d'un médicament pour cause de non-rentabilité, l'Académie préconise une revalorisation des prix. Si l'arrêt est inéluctable et la maladie traitée grave, on pourrait aussi imposer aux industriels de poursuivre leur production jusqu'à ce qu'une alternative soit trouvée ».
La journaliste ajoute que « l'Académie propose d'organiser l'échange d'informations entre les répartiteurs pharmaceutiques, les médecins et pharmaciens et l'assurance-maladie et de mettre au point des protocoles pour adapter les traitements médicaux en cas de rupture », ou encore indique qu’elle « juge nécessaire d'intégrer la sécurité d'approvisionnement dans les critères d'appel d'offres [des hôpitaux] et d'encourager les productions européennes pour les maladies orphelines ».