Information extraite de la Revue "Mediscoop" rédigée par Laurent Frichet.
« Microbes : la poignée de main en sursis à l'hôpital ? »
Le Figaro
C’est ce que se demande Anne Prigent dans Le Figaro, indiquant qu’« une étude préconise au personnel hospitalier d'éviter ce geste ancestral pour limiter les infections nosocomiales » et, à la place, de « se toucher les poings ».
Des chercheurs de la West Virginia University écrivent ainsi dans The Journal of Hospital Infection : « Après s'être lavé les mains, jusqu'à 80% des individus conservent sur leurs doigts et dans la paume des bactéries susceptibles de transmettre des maladies ». Anne Prigent explique que les auteurs de l’article « ont mesuré que se serrer la main expose 3 fois plus de surface de peau que le contact des poings, et que ce geste dure près de 3 fois plus longtemps ».
« Nous en déduisons que se toucher les poings est, dans un hôpital, une alternative efficace au fait de se serrer les mains. Cela peut conduire à une diminution de la transmission des bactéries et améliorer la santé et la sécurité des patients et du personnel », indiquent les chercheurs.
La journaliste souligne que « dans les hôpitaux, les infections liées aux soins et la transmission d'agents pathogènes sont une préoccupation de tous les instants. Un patient hospitalisé sur 20 serait concerné par ces infections dites nosocomiales. En France, elles sont responsables de la mort de 4000 personnes par an. Selon le site du ministère de la Santé, entre 20 et 40% de ces infections sont provoquées par des agents infectieux présents sur les mains ».
Anne Prigent rappelle que « pour éviter ces transmissions, la désinfection des mains avec des solutions hydroalcooliques se révèle largement plus efficace que le lavage au savon. […] Leur consommation annuelle fait même partie des indicateurs pris en compte pour mesurer l'implication d'un établissement dans sa lutte contre les infections nosocomiales ».
Le Pr Philippe Vanhems, responsable du Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (Cclin) du Sud-Est, note ainsi que « si l'on se désinfecte bien les mains avant de pratiquer des soins, le risque de transmission de bactéries est quasiment nul. […] Mais l'observance n'est pas toujours parfaite ».
La journaliste relève en outre que « pour les spécialistes de la lutte contre les infections, éviter la transmission de bactéries par les mains demeure primordiale mais ne nécessite pas pour autant de modifier les habitudes des médecins et des infirmières pour se dire bonjour ».
Le Pr Pascal Astagneau, responsable scientifique du Cclin Paris-Nord, remarque ainsi : « Si ce n'est au moment des soins, il n'y a aucune raison de ne plus se serrer les mains dans un hôpital. […] Nous vivons avec les bactéries. Elles sont même indispensables à la vie. Ce n'est pas avec une poignée de main que nous allons nous transmettre des maladies ». Anne Prigent appelle toutefois à la « prudence en période de gastroentérite ».